Le groupe de Niamey, au Niger, explore des compositions à la fois inspirées par les musiques traditionnelles d’Afrique de l’Ouest, le hip-hop DIY et le dancehall électronique.
Formé en 2002 par Aziz Tony, Bachou Issouf et Salif André, le groupe Mamaki Boys s’inscrivait pleinement dans la renaissance culturelle numérique du début de la décennie. Leur musique traditionnelle et villageoise se transformait peu à peu en un hip-hop local, underground, aux rythmes frénétiques. Le hip-hop devenait de plus en plus présent dans la capitale de leur pays natal, à l’époque où fleurissait de plus en plus des studios DIY en Afrique de l’Ouest.
Sahel Sounds réédite ainsi l’album Patriote des Mamaki Boys, à l’origine autoproduit en 2007. Entre sonorités hypnotiques, percussions et instruments hachés, le groupe délivre un ragga endiablé. Leur objectif ? Ancrer le hip-hop au Niger, en cessant de tout copier sur le reste du monde. Enregistré dans l’un des premiers studios de Niamey, le Studio BAT, les Mamaki Boys se sont attelés à fusionner le modernisme du hip-hop avec la musique traditionnelle de leur contrée, en intégrant des instruments du Niger, à l’instar du duma et du kalango.
Aziz Tony explique : « Nous voulions mettre la tradition dans le rap, les danses ancestrales, les choses que nos grands-parents faisaient au village. Notre mission était de revaloriser la culture, de la mettre dans le hip-hop et de montrer toutes les couleurs de notre pays. » Le groupe définit ainsi leur musique comme « tradi-moderne», incitant la population nigérienne à célébrer sa culture. Leur titre « Kagani Kagani » évoque également le droit des citoyens à bénéficier des richesses engendrées par l’exploitation des ressources naturelles de leur pays, à savoir les minéraux, le pétrole ainsi que l’uranium. Mamaki Boys ont ainsi effectué l’exploit d’utiliser les outils de la mondialisation, afin de les rendre au service des luttes locales.
Retrouvez les Mamaki Boys dans notre playlist Songs of the Week sur Spotify et Deezer.
Patriote sortira le 9 juillet 2021, via Sahel Sounds.
